la FURSTENBERG
CANON de TELEMANN
REPROCHE VILLAGEOIS
Voici l’air tel qu’il a été utilisé pour l’entrée de Madame Louise de France au Carmel de St-Denis en 1770
puis les paroles originales tirées d’un vaudeville :
TON humeur eft, Catherine,
Plus aigre qu’un citron vert,
On ne fçait qui te chagrine
Ni qui gagne, ni qui perd.
Qu’on foit fage, ou qu’on badine,
Avec toi c’eft choux pour choux ;
comme un vrai fagot d’épine,
Tu piques par tous les bouts.
SI je parle, tu t’offenses ;
Tu grognes ; fi je me tais.
Lorfque je me plains, tu danfes ;
Quand je ris, je te deplais.
A ton oreille mal faite
Mes chanfons ne valent rien,
Et ma tant douce mufette
N’eft qu’un inftrument de chien.
CEPENDANT quoi que tu dife,
Je ne puis quitter ces lieux ;
Et quoique tu me méprife,
Par-tout je fuivrai tes yeux :
Je m’en veux mal à moi-même ;
Mais quand on eft amoureux,
Un cheveu de ce qu’on aime
Tire plus que quatre bœufs.
D’UN pot plein de marjolaine
Quand je te fis un préfent ;
Auffitôt pour fon étrenne,
Tu le caffis, moi préfent.
Si j’avois cru mon courage,
Après ce biau ran-merci,
Ma main, qui bouilloit de rage,
T’eût caffé la gueule auffi.
L’AUTRE jour d’un air honnête,
Quand je t’otis mon chapeau,
Plus vite qu’une arbalefte,
Tu le fis fauter dans l’eau ;
Et puis d’un ton d’arrogance,
Sans dire ni qui, ni quoi,
Tu me baillis l’ordonnance,
De m’approcher de toi.
CHACUNE de tes deux joues
Ressemblent aux pommes d’apis,
Comme deux morceaux de roues
Sont tout à point tes foucis.
Tes yeux plus noirs que des merles
Semblent mouches dans du lait
Et des dents en rang de perles
sont plus blanches que du lait.
POUR ta bouche elle eft plus rouge
Que n’eft la crête d’un coq,
Et ta gorge qui ne bouge,
Paraît plus ferme qu’un roc.
Quant au refte il m’en faut taire,
Car je ne l’ai jamais vû,
Mais je crois que tu dois faire,
Sans chemife un beau corps nud.
PAR la morgué ! c’eft domage
Que tant de belles beautés,
Ne me foient, pour tout partage,
Qu’un fac plein de dureté.
PSAUME 137
SONATE DE LECLAIR l’Aisné
PREMIERE SUITE d’Airs d’OPERAS
RIGAUDON MOURET
MENUET CASTOR ET POLLUX RAMEAU
puis un passepied
CAMPAGNOLI
FIORILLO
LA VIGO
TABLEAU DE PARIS A 5 HEURES DU MATIN
L’ombre s’évapore,
Et déjà l’aurore
De ses rayons dore
Les toits d’alentour ;
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent,
Les marchés s’emplissent
On a vu le jour.
De la Villette,
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincenne
Gros Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.
Déjà l’épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l’écaillère
Saute en bas du lit
L’ouvrier travaille,
L’écrivain rimaille
Le fainéant bâille,
Et le savant lit.
J’entend Javotte
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant sa grêle,
Son cri se mêle
A la voix grêle
Du noir ramoneur.
L’huissier carillonne,
Attend, jure, sonne,
Resonne, et la bonne
Qui l’entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître
Prompte à disparaître
Regagne le sien.
Gentille, accorte,
Devant ma porte
Perette apporte
Son lait encor chaud ;
Et la portière
Sous la gouttière
Pend la volière
De Dame Margot.
Le joueur avide,
La mine livide
Et la bourse vide,
Rentre en fulminant,
Et, sur son passage,
L’ivrogne plus sage,
Cuvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.
Tout chez Hortense
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et cetera...
Et, sur la pierre,
Un pauvre hère,
La nuit entière,
Souffrit et pleura.
Le malade sonne
Afin qu’on lui donne
La drogue qu’ordonne
Son vieux médecin,
Tandis que sa belle
Que l’amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d’aller au bain.
Quand vers Cythère
La solitaire,
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La diligence
Part pour Mayence,
Bordeaux, Florence,
Ou les Pays Bas
" Adieu donc, mon père ;
Adieu donc, mon frère,
Adieu donc, ma mère.
- Adieu, mes petits. "
Les chevaux hennissent
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent
Les voilà partis.
Dans chaque rue
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.
Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue ;
Où donc me cacher ?
Jamais mon oreille
N’eut frayeur pareille...
Tout Paris s’éveille...
Allons nous coucher.